ASSOCIATION des CAPITAINES au LONG COURS et CAPITAINES de 1ère classe

 

Bulletin N°104 (janvier-février-mars 2013)

                                                                   EDITORIAL

                                                    

Notre association est à nouveau en grand deuil. En effet nous venons de perdre trois personnalités remarquables, Alain ARBEILLE, Daniel MONGON et Yves LACOSTE. Leur dernier appareillage nous plonge dans la peine et j'adresse à nouveau toutes nos condoléances et l'expression de notre plusgrande amitié à leurs épouses et familles. Vous pourrez lire à la suite de cet éditorial les hommages rendus à ces grandes figures de notre monde associatif maritime par René TYL, Jean-Claude GAZANO et Jacques STEINER .

Comme je vous le disais dans l'un des précédents numéros la sécurité peut tuer, ce fut le cas en 2011 lors d'un exercice d'abandon sur un porte-conteneurs et à nouveau une mise à l'eau d'embarcation du paquebot "Thomson Majesty" s'est terminée tragiquement par le décès de cinq membres d'équipage, le 10 février dernier. Un effort significatif doit être porté sur l'entretien réel et la vérification des moyens de sauvetage, l'accumulation de normes et de documents obligatoires, de codes de sécurité en tous genres semblant montrer une certaine inefficacité.

La crise de l'emploi que traverse notre marine marchande tourne au tragique.

-Nombre de nos jeunes collègues restent à quai et se désespèrent de ne pas valider leurs acquis scolaires. Un engagement assurant, aux élèves admis dans les différentes filières de l'ENSM, un cursus leur permettant d'obtenir un brevet complet devrait être pris après concertation entre les armateurs et les pouvoirs publics. Il leur sera  plus aisé de trouver alors  un embarquement à l'étranger (faute de possibilités sous le pavillon national) ou un emploi à terre. Il est tout à fait légitime, au vu de l'évolution actuelle, de craindre l'extinction de la filière française de formation maritime; la grave situation financière et pédagogique de nos écoles sera ainsi résolue! Les jeunes Français ayant la vocation de la marine marchande n'auront plus alors que la solution de l'école supérieure de navigation d'Anvers.

-Encore 58 emplois perdus, cette fois chez Maersk France,  et des inquiétudes sur la totalité des postes dans  le transport du pétrole brut et celui du gaz. Souhaitons que rapidement des mesures soient prises, sans attendre qu'il ne soit trop tard comme cela a trop souvent été le cas ces trente dernières années.
La situation de la SNCM est toujours perturbée et même si elle survit, ce qui est bien sûr notre souhait, combien de navires restera-t-il ?

Le dossier de la bonification pour les marins de leur temps de service militaire en unités combattantes durant les conflits en Afrique du Nord n'est toujours pas réglé. Le projet de décret, paru en décembre 2012, prévoyant que seuls les marins ayant liquidé leurs droits à pension après le 19 octobre 1999 pouvaient bénéficier de la mesure excluait ainsi tous les intéressés. Le président de la Fédération des pensionnés, notre collègue Jacques SCHIRMANN, informé a pu réagir vigoureusement et obtenir une nouvelle étude des modalités du texte. Incompétence ou volonté délibérée pour raisons budgétaires ? En tous cas peu de considération pour les marins ayant servi pour notre pays.

Pourrons-nous discuter de meilleures nouvelles lors de notre prochain congrès en juin 2013 ? Nous aurons au moins le plaisir de nous retrouver et de nous raconter pour la nième fois avec un plaisir toujours aussi vif nos navigations  respectives. Inscrivez-vous vite afin de faciliter le travail de nos dévoués organisateurs et n'oubliez pas d'envoyer les votes pour le "renouvellement" du comité à notre non moins dévoué et talentueux Secrétaire Général.

                                                                                                                             Bernard DATCHARRY                          

 

Alain ARBEILLE    1926-2013  (par René TYL)

Alain Arbeille n’est plus: le commandant n’a pas disparu, à l’image du titre d’un de ses ouvrages, mais il a largué les amarres et appareillé le 28 janvier pour l’ultime mouillage. Marin authentique, 34 années de navigation dont 19 ans de commandement, Alain Arbeille était aussi un de nos meilleurs écrivains maritimes, comme me l’avait confié Didier Decoin. De la lignée d’Édouard Peisson, il a su faire revivre son métier d’un ton juste et mesuré, faisant revivre le navire, les marins et leurs fonctions, les hommes avec leur personnalité, le tout avec un style enchanteur qui n’appartient qu’à lui. Nul autre que lui n’avait si bien dit qu’on ne jette pas l’ancre, mais "qu’on la mouille, c’est-à-dire qu’on la laisse aller jusqu’au fond, entraînée par son propre poids, ralentie un peu par la chaîne qu’elle entraîne, puis par la résistance de l’eau qu’elle transperce, et dans laquelle elle se glisse, elle se mouille".
Son premier ouvrage, "Capitaine au long cours",  paru en 1991, est un récit autobiographique qui sera très apprécié par le monde maritime, heureux de découvrir un auteur talentueux raconter avec justesse, simplicité et humour la "navigation" d’un marin au long cours de nos jours. Nous apprenons ainsi qu’Alain Arbeille, né en 1926, petit-fils d’un cap-hornier, avait passé trois ans dans la Royale, embarqué dès la fin de la guerre sur le croiseur le Malin, faute de trouver un embarquement sur un navire marchand, pour "cause de rareté et de pléthores d’inscrits maritimes en panne". Embarqué en 1949 sur le Penlan, il vit alors ses premières heures de chef de quart à la mer, et "n’aurait pas troqué cette humble et obscure passerelle pour le plus somptueux palais». Puis ce fut le Granville, un liberty-ship, (un "grand lineur"  lui avait dit la compagnie !), voyage qui le conduit à Madagascar. Mais c’est à bord du Jacques Bingen en 1952 qu’il découvre la côte d’Afrique dont il a si bien décrit le décor insolite et le parfum si caractéristique. Tous nos camarades ont lu avec délice les récits concernant les embarquements des "kroumans" sur les rades foraines, l’arrivée des trains de billes, le hissage et l’arrimage des grumes, spectacle "haut en couleur et en sons" qu’il s’efforce de peindre avec toute la verve qui le caractérise.
À partir de 1953 suivirent quatre années de navigation "maghrébine", passées sur les fameux "six-moteurs" ou "mille-pattes" dont une des caractéristiques était de "faire fuir les officiers mécaniciens". Les pilotes de Seine gardent toujours le souvenir du comportement anarchique de ces navires, dont l’un d’eux  "s’est précipité sur quai de Caudebec, en visant une charcuterie" (l’histoire du procès-verbal de la gendarmerie constatant le délit de fuite est bien réelle !), tandis qu’un autre abordait  la drague de l’estuaire, et quelques temps après coulait un petit charbonnier anglais, dont le nom de l’épave figure traditionnellement dans les cours de pilotage.
Capitaine de la marine marchande en 1951, il décide en 1958 de poursuivre ses études maritimes, et obtient son brevet de capitaine au long cours en 1960, après un passage à l’école de l’avenue Foch marqué par le souvenir de prise des hauteurs d’astres au-dessus de l’horizon des toits. Cet  "ultime parchemin acquit", il embarque comme second capitaine sur le Saint Marc,  de la série des "évangélistes", où il retrouve la côte d’Afrique, puis sur le Saint Philippe.  Il reçoit alors la fameuse lettre lui conférant le commandement du navire transport d’alumine le Sainte-Claire-Deville, constituant un instant charnière de sa carrière. Placé devant sa nouvelle fonction "comme devant un livre neuf", il en découvrira page après page "le vrai sens caché", sachant "qu’il y aurait le meilleur et le pire". Il le commandera à quatre reprises de 1962 à 1964. Entre-temps, il commandera le Saint Marc puis le Saint Matthieu.
À sa grande surprise, il est nommé en 1964 commandant sur les navires transmanche de Dunkerque, le Saint-Germain et le Twickhenham-ferry, appartenant à la SNCF et gérés par la SAGA. Il se trouve alors devant un nouveau métier, celui de manœuvrier sur le Transmanche, métier dont il affirme "qu’il faut au moins quinze ans avant de dompter ces navires, tous différents, tous capricieux, avec leurs forces connues, et leurs faiblesses cachées, tous suffisamment  têtus pour vous entraîner parfois dans des aventures peu communes, tous suffisamment souples pour vous obéir, si vous ne tentez pas de les brutaliser, et si vous avez usé de leurs capacités, si faibles soient-elles, avec doigté et souplesse". Pour Alain Arbeille, la manœuvre d’un navire, si "elle constitue une part captivante, stimulante du métier et une source raisonnable de satisfaction", en contrepartie, "que de déconvenues et de surprises, parfois malheureuses !". Il ajoute, et nous, pilotes ou commandants de la Marine marchande ne le contrediront certes pas, "qu’il s’agit d’un art et, comme pour tout art, personne n’en atteint jamais le sommet même en s’y adonnant jour après jour, des années durant".
Nous lui devons les plus belles descriptions de manœuvres difficiles par gros temps des ferries de cette époque, qui "absorbaient une grande part de l’énergie morale et physique des capitaines, à la mesure des risques encourus".
Il suivra ensuite en 1973 la construction et les essais du Chartres, à bord duquel il subira en janvier 1978 une tempête, qui vit la destruction partielle, mais bien réelle du port de Calais, dont l’impression de violence, si bien décrite dans sa nouvelle "La nuit du moulin de Coquelle", lui restera toujours en tête. Que dire aussi de ses réflexions sur la navigation en temps de brume, dans laquelle "on entre comme dans un cloître de silence et de solitude", où "l’abordage et son cortège de malheur vient hanter l’esprit des capitaines" ! Dans ces moments-là, la brume rend humble, ajoute-t-il.
Il laissera d’ailleurs sa "marque" sur le Chartres, demandant aux chantiers de modifier la sempiternelle tradition de la cabine du commandant située à tribord, pour l’installer à bâbord, endroit le mieux placé pour observer de chez lui les conditions du trafic du Détroit, modification technique qu’il eut beaucoup de mal à obtenir !
Il accomplit sa dernière traversée  à bord du Côte d’Azur  en octobre 1981, avant de prononcer "à haute voix, et pour l’ultime fois : terminé !". Arrivent le temps de la retraite, et "l’objectif ambitieux"  de relater la vie professionnelle d’un officier de la marine marchande.
Après "Capitaine au long cours", il publie en 1994 "Le commandant a disparu", huit récits qui ont pour centre d’action et de mystère un liberty-ship, où il fait preuve d’un véritable talent de conteur. Son troisième ouvrage "Il venait de la mer", publié en 2009, lui vaudra d’être distingué par l’Académie de marine qui lui décernera en 2010 un prix littéraire. Peut-être un ultime récit autobiographique où l’auteur ne se met pas directement en scène, mais se cache derrière ses personnages, car déjà il nous avait confié les atteintes du mal qui devait l’emporter, cette dernière œuvre raconte avec subtilité, au travers du suspense de la vie de son héros, un voyage sur la côte occidentale d’Afrique à bord du Saint-Georges. Jamais marin n’a aussi bien décrit avec ce style merveilleux qui n’appartient qu’à lui  les scènes quotidiennes de la vie à bord telles que l’appareillage d’un mouillage : à le lire, nous nous souviendrons toujours avoir entendu "les mailles crier et taper sur l’arrondi de l’écubier, puis venir chanter en se mariant au barbotin, et le guindeau ralentir encore comme s’il soufflait avant le dernier effort". Comme dans les contes de notre enfance, il a su donner une âme aux objets inanimés, ainsi "l’ancre, qui avait été si forte et si fidèle, la sauvegarde du navire et de son équipage, ne se résignait qu’à regret à quitter son service, à lâcher son étreinte".
Il nous a aussi laissé plusieurs petits récits savoureux, dont la lecture nous a enchantés : "La chambre froide du commandant" - "Le roulis du Cap Razo" - "Boby" - "Au mouillage à Manakara" - "Les éléphants du Twickenham-Ferry" - "La Manche à bicyclette" - "Les Mille-Pattes" - "Une passagère en rose" - "Tiré au sort".
Après sa retraite en 1981, Alain Arbeille s’est retiré en banlieue parisienne à Verrières-le-Buisson. C’est là où il avait épousé en 1952 la sœur d’un ami d’enfance, Thérèse, malheureusement disparue trop tôt en 1997. Comme toutes les femmes de marin, Thérèse l’avait accompagné tout au long de son "tramping", assurant la charge toute seule, " lorsqu’il désertait pour retrouver la mer".  Elle l’avait aidé, plus tard, "à surmonter les conséquences des nuits de brume et des tempêtes de Noroît". De cette union sont nés quatre enfants : Annick, hélas partie trop tôt, Yves, Jean et Élisabeth, qui ont donné naissance à 11 petits-enfants et eux-mêmes à 9 arrière-petits-enfants.
Menant une vie de foi profonde, Alain Arbeille allait souvent à Paris participer aux offices du soir de la fraternité monastique de Jérusalem à l’église Saint Gervais, et participait régulièrement aux pèlerinages de Vézelay. Jamais il ne s’est plaint de la maladie qui l’envahissait peu à peu, s’inquiétant davantage de son entourage que de sa personne.
La cérémonie d’obsèques a été célébrée le 31 janvier en l’église de Verrières-le-Buisson, la même où il s’était marié : nous avons été très touchés par l’attention du père qui célébrait la messe d’emprunter au langage maritime les thèmes de son homélie. Nous étions plusieurs de ses amis, capitaines au long cours, pensionnés de la marine marchande, de l’Afcan ou de l’Acomm, représentant les associations auprès desquelles Alain Arbeille était très présent, à l’accompagner à sa dernière demeure. Nous garderons toujours le souvenir d’un camarade fidèle, discret, attentionné, dont la réussite littéraire n’entachait pas la modestie. Il restera toujours dans nos cœurs. Nous exprimons notre émotion et notre tristesse à toute sa famille.

 

Yves LACOSTE     1934 -2013     (par Jean-Claude GAZANO)

Yves Lacoste est né le 02 février 1934 à St Malo.
Il perd sa mère à l’âge de quatre ans suite à une maladie. Son père est déporté à Mauthausen en 1943 en raison de ses activités de résistance où il décède le 10 août 1944. En compagnie de son jeune frère Christian de 2 ans son cadet, il est recueilli par une tante et son mari domiciliés à Fougères (Ile et Vilaine) ou il poursuit ses études en pension. Dans sa quatorzième année, il perd son frère, victime d’une crise cardiaque dans la cour de récréation de l’internat.
Il se passionne pour le sport et, n’ayant aucun antécédent familial maritime, devient tout d’abord international universitaire de hand-ball. En vacances à St-Malo et la Rochelle, il découvre en quelque sorte la mer et s’en éprends à jamais.
Il décide alors d’orienter sa vie et sa carrière vers cet élément qu’il aime avec tant de ferveur. Il effectue un premier embarquement de "pilot" à la Compagnie Delmas-Vieljeux pour le transport de bois à partir des côtes d’Afrique de l’Ouest et intègre les cours de préparation d’Officier à l’école de St-Malo.
Attiré par une nouvelle vie dans le Sud, il poursuit ses études à l’Ecole Nationale de la Marine Marchande à Marseille, alors située Villa Valmer. C’est à Marseille qu'il rencontre son épouse Odile, fille d’un immigrant italien ayant fui le fascisme. Il trouve là, une structure familiale solide, ancrée sur des valeurs morales et humaines fortes qu’il ne cessera de développer tout au long de son existence.
Il embarque en tant qu’Officier à Delmas-Vieljeux, puis son diplôme de Capitaine au long cours en poche, opte pour le pétrole à BP. À 24 ans il intègre la Compagnie de Navigation Mixte. Embarqué sur le Kairouan en tant que Commissaire au moment du rapatriement des pieds noirs d’Algérie, il reste le seul des trois Commissaires à tenir le choc d’un rythme difficile et effréné et effectue un embarquement de 13 mois à ce poste sans discontinuer. Remarqué par sa Direction, il se voit propos/ dès sa trentième année le poste de Directeur des Passages de la compagnie Mixte ; fonction qu’il accepte.
En 1969, lors de la fusion entre les compagnies Mixte et Transat qui fondent la CGTM, il intègre la nouvelle compagnie et après avoir fondé le premier tour opérateur Maritime FERRYTOUR reprend ses fonctions de Direction des passages au sein de cette Sté en 1972.
En 1976, il est un des artisans principaux dans la création de la SNCM, compagnie dont il est nommé Directeur commercial. En 1989, il est nommé Directeur général Adjoint de la SNCM qu’il quitte à l’âge de 65 ans afin de profiter de sa retraite et s’occuper de nombreuses activités annexes, pour la plupart liées au maritime et à sa carrière.
-           Administrateur de l’Association French Lines ;
-           Administrateur de l’Association des Amis des Paquebots ;
-           Administrateur du Mérite maritime dont il devient Commandeur en 2010
Les liens étroits qu’il a entretenus avec les pays du Maghreb tout au long de sa carrière en font un Président naturel de l’Association France-Tunisie à laquelle il assure un essor et un dynamisme exceptionnels.
Mais au-delà de tous ces investissements, sa véritable passion reste et demeure à jamais la pratique de la voile sous toutes ses formes.
Quelques mois après qu’il ait quitté la navigation, il acquiert un petit voilier afin de retrouver la mer.
Dans les années 80, il entame aux côtés de son fils Érik et d’une équipe de jeunes passionnés avec lesquels il se sent si bien, une campagne de régates jalonnée de nombreux succès locaux et nationaux.
En 1992, il souhaite voir mûrir cette démarche et fonde l’Association Pour la Promotion de la Course au Large APPROCAL et en assure la Direction. Cette Association composée de professionnels de la Mer (Régatiers professionnels et Officiers de Marine marchande) arme essentiellement des monotypes "One Design".
De 1992 à 1995, le groupe remporte toutes les victoires possibles sur le plan national et international au fil des épreuves auxquelles il participe.
Dès sa cessation d’activité professionnelle au sein de la SNCM, il met à profit son vécu sportif pour créer l’Ecole de régate du CNTL, dont l’absence souffrait tant à la cité Phocéenne dont il se considère désormais comme un fils. Il intègre la cellule dirigeante du Pôle France de Voile (Pôle de haut niveau pour la préparation des compétitions internationales et olympiques) pour la section Sud en 2004.
Après avoir accompagné et vu grandir ses petits-enfants sur des dériveurs de leur plus jeune âge à l’adolescence, il décide de repartir sur les flots de façon régulière en duo avec son compagnon de retraite Daniel Mallet, mais cette fois dans le cadre de croisières (qu’il définit comme "tranquilles") en Méditerranée.
Ainsi entre 2008 et 2010, les deux compagnons effectuent 5000 milles dans le bassin Méditerranéen à l’occasion de nombreuses "escapades".
Ce qui est remarquable est que cette vie riche en activités n’a jamais conduit Yves Lacoste à minimiser ce qu’il considère comme essentiel, le cadre familial. Au contraire, ce n’est qu’en donnant et se donnant totalement à ses proches qu’il a tant aimé, qu’il a pu trouver les ressources pour mener à bien tant d’entreprises...

Daniel MONGON   1937-2013    (par Jacques STEINER)

Notre camarade  est parti pour son dernier voyage le 22 février  après une maladie qui l’a emporté très rapidement, les premiers symptômes datant du séjour qu’il avait organisé à Madère en octobre 2012.
 Nous étions très nombreux à assister à ses obsèques, membres de l’ACLCLC1 et de l’ACOMM.
Il avait commencé sa navigation à la TRANSAT, comme lieutenant sur les paquebots mais en 1968 il a pris la décision de se reconvertir à terre et a pu intégrer les services affrètements dans les Ets WALON, puis dans des entreprises qui ont rapidement fait partie du groupe SAGA.
Avec le temps il est devenu un spécialiste en logistique maritime. Homme d’expérience, il tenait à suivre lui-même toutes les opérations avec les services du port, les manutentionnaires et les dockers, ce qui l’amenait très souvent à une longue présence sur les quais quelle que soit l’heure et la durée, ce qui était très apprécié des chargeurs
Homme de confiance il était choisi pour assurer les transports "sensibles" comme le matériel militaire et les produits explosifs à destination du Moyen-Orient ou de la Finlande.
Il a aussi été responsable de l’acheminement de matériel très particulier comme un des miroirs destinés au grand télescope spatial européen au Chili ou la capsule arctique de Jean-Louis Étienne...
À son départ en retraite  il a créé son entreprise d’expert en logistique, CAPT’SEA qui a connu très vite une activité soutenue, due à son renom dans le milieu maritime,  en particulier avec les Finlandais.
Membre de longue date du MAILLON, il en est devenu le Président en 1991 et en a assuré avec compétence toutes les responsabilités.
La reconversion qui était la raison d’être du MAILLON, ayant fortement décliné par suite de la diminution très rapide de navigants en recherche de postes à terre, il fallait prendre une autre orientation et la décision a été prise de fusionner avec une autre association ayant des buts similaires, ce qui s’est fait en 2005 avec l’ACOMM.   Dans la nouvelle association Daniel a été nommé Vice-président et responsable de la région Ile de France, et à ce titre,il a su maintenir une grande activité en organisant des dîners débats avec conférenciers et des voyages qui étaient très fréquentés..
Homme droit, dynamique, chaleureux,  Daniel était très apprécié dans le milieu associatif maritime.
Ses obsèques se sont déroulées dans sa paroisse de Neuilly, où il exerçait des activités bénévoles. Mais c’est en terre bretonne qu’il a souhaité être inhumé étant très attaché à ce pays des bords de la Rance où il passait ses étés, avec sa famille.